Gilles Pétel

France

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  Questions-Réponses

#1

Parlons d’abord de votre livre. Pouvez-vous le résumer en quelques phrases ?

Exhibitions est l’histoire d’Anaïs, une jeune femme amoureuse de peinture et qui parvient, grâce aux relations de son père, à se faire embaucher comme stagiaire dans une galerie d’art contemporain. D’abord surprise et parfois amusée par le monde qu’elle découvre, elle va ensuite multiplier les déconvenues et découvrir un univers souvent cruel, jusqu’au jour où elle rencontre un artiste célèbre dont elle tombe follement amoureuse, sans voir les dangers de cette passion.  Exhibitions, au-delà de l’histoire de cette jeune femme, est aussi un roman sur le monde de la culture et ses illusions.

#2

Quelle a été votre source d’inspiration, l’évènement qui vous a poussé à écrire ce livre ? 

J’ai fréquenté un certain temps les galeries d’art de Londres et entendu de nombreux artistes parler, de façon parfois ahurissante, de leur travail. Je voulais, à travers mon livre qui contient plusieurs passages comiques, à la fois me moquer des excès de l’art contemporain et offrir une réflexion sur notre modernité. Je voulais également, en retraçant les aventures de cette jeune femme, montrer comment le rapport qu’elle a à son propre corps dépend pour une grande part des images que nous renvoient de nous-mêmes l’art mais aussi notre société de consommation. La passion d’Anaïs est une passion moderne, tout entière tournée vers les plaisirs et parfois les douleurs du corps.

#3

Une bonne raison de lire votre livre ?

A l’image de son sujet, mon livre se présente comme une galerie de portraits hauts en couleur. Je pense par exemple à la directrice de la galerie d’art où travaille Anaïs ou encore à l’artiste dont celle-ci tombe amoureuse. Je crois que le lecteur éprouvera un réel plaisir à découvrir ces personnages souvent monstrueux. Mon livre séduira aussi les amateurs de peinture qui apprécieront, du moins je l’espère, les descriptions que je fais d’un certain nombre de tableaux vivants.

#4

Pourquoi avez-vous choisi l’autoédition ? Avez-vous déjà publié par ailleurs chez un éditeur ? 

J’ai déjà publié plusieurs romans, deux aux éditions Fayard et trois autres chez Stock. Mon dernier titre (Sous la Manche) a par ailleurs été traduit en anglais. Si j’ai choisi l’autoédition pour Exhibitions, c’est d’abord en raison de la mort de mon éditeur, Jean-Marc Roberts. Après son décès, les éditions Stock, qu’il a dirigées de nombreuses années, ont inévitablement changé et je ne retrouvais plus mes marques dans cette maison. Mais j’ai également voulu essayer l’autoédition en raison de la liberté qu’offre ce support : vous êtes seul maître à bord.

#5

Parlons de vous : depuis quand écrivez-vous ? Comment vous est venue l’envie d’écrire ? 

J’écris depuis longtemps maintenant, depuis une bonne trentaine d’années. Quand j’ai commencé mon premier roman, qui ne fut d’ailleurs pas édité, je disposais de beaucoup de temps libre. Ecrire m’a semblé la meilleure manière de l’occuper et je dois reconnaître que je suis resté de cet avis. C’est sans doute pourquoi j’ai persévéré après les refus essuyés par mon premier texte. J’aimais écrire et c’est là, je crois, la clef de tout. A quoi il faut peut-être ajouter beaucoup d’entêtement !

#6

Avez-vous des rituels d’écriture ? Comment cherchez-vous l’inspiration pour vos livres ? 

Chaque livre est une nouvelle expérience. Je n’ai jamais écrit deux livres de la même manière. Il y a pourtant un point essentiel à rappeler : on trouve toujours le temps d’écrire quand on en a vraiment envie. Peu importe où et à quel moment on écrit, le tout est d’en éprouver le besoin.

                  En ce qui concerne l’inspiration, je dirai assez banalement qu’elle vient lorsqu’elle veut bien ! Un livre est un long processus de maturation. C’est d’abord un sujet qui vous séduit, cela peut être un personnage, une intrigue ou une ville. Puis cette idée, ce sujet, ce motif s’insinue en vous : chaque jour vous êtes amené à reprendre les éléments de la veille afin de les enrichir, de les approfondir, afin de voir au fond où ils vous conduisent, quand ils vous conduisent quelque part. Je ne crois pas que l’inspiration vienne de l’actualité brute, telle qu’elle nous est livrée au jour le jour par les médias. Elle ne vient pas non plus d’une observation directe. Elle vient toujours de l’esprit et plus particulièrement de la mémoire. Ecrire, c’est se ressouvenir. Toute l’œuvre de Proust le démontre magistralement.

#7

Quels sont vos auteurs favoris, ceux qui vous inspirent ou que vous considérez comme vos modèles ? 

Mes auteurs favoris sont nombreux ! Il est difficile de ne pas citer tout d’abord Balzac et Zola sans lesquels je n’aurais jamais compris ce que peut être la richesse d’un roman. Au XX° siècle, il y a Proust bien sûr, mais aussi Céline que j’affectionne particulièrement pour son génie de la langue mais aussi pour son sens du comique. Beckett est également un de mes auteurs préférés. Plus proche de nous, Jean Echenoz est un écrivain que j’aime beaucoup. Enfin, parmi les auteurs étrangers contemporains, je citerais pêle-mêle Philip Roth, Martin Amis, Saul Bellow ou Ernesto Sabato. Cette liste bien sûr est loin d’être exhaustive.

                  Dire maintenant lequel d’entre ces très grands écrivains m’a servi de modèle serait présomptueux. Comme beaucoup d’auteurs, je crois que les influences qui nous guident sont la plupart du temps inconscientes. Il y a des romanciers que j’admire infiniment et dont mon travail est pourtant très éloigné.

#8

Quels conseils donneriez-vous à quelqu’un qui rêve d’écrire un livre mais n’a jamais osé se lancer ? 

Mon premier conseil rejoint ma propre expérience : il faut prendre le temps d’écrire et aimer ces heures passées au-dessus d’une page qui reste parfois blanche plus longtemps qu’on ne le voudrait. Mon deuxième conseil est d’avoir confiance en soi : malgré les refus et les critiques qu’un écrivain est nécessairement amené à rencontrer tôt ou tard, il ne faut jamais lâcher prise. Il faut tenir bon sur son désir, disait Lacan que je cite de mémoire. Je terminerai en rappelant la célèbre phrase qui conclut L’Innommable de Beckett : « … dans le silence on ne sait pas, il faut continuer, je ne peux pas continuer, je vais continuer. »

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